CHAPITRE 4

CHAPITRE 4

Disciple du Christ ou Disciple de Dieu ?

 

[Luc 14:25-33]

25 De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit :

26 Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

27 Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple.

28 Car, lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer,

29 de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler,

30 en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ?

31 Ou quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour examiner s’il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l’attaquer avec vingt mille ?

32 S’il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix.

33 Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.

L’essence de ces paraboles

La parabole du grand repas fut une grande déception pour le maître de maison qui invita, par son serviteur, ses conviés à un souper. Fourmillant d’excuses les uns les autres pour ne pas venir, Jésus raconte que l’hôte étendit son invitation à tous les gens sur le chemin sans exclusion, y compris les handicapés, qui vinrent en grand nombre souper à table avec lui. Indigné, il décida publiquement de n’accepter aucun de ses conviés chez lui [Luc 14:16-24].

Et dans cette parabole, on comprend que l’hôte est Dieu.

 Le souper est le message de l’évangile qui mène au royaume. Le serviteur envoyé pour inviter est Jésus. Les conviés sont les Juifs, en particulier les chefs religieux. Les handicapés ; en l’occurrence, les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux sont les gens ordinaires parmi le peuple juif. Ceux qui sont sur les chemins et le long des haies sont les païens.”[i]

Jésus, en comparant les disciples au sel de la Terre,[ii] disait qu’ils sont inutiles s’ils cessent d’agir en tant que tels. La raison d’être du sel est sa saveur, et la raison d’être des disciples est la fidélité. Si le sel perd sa saveur, il perd sa valeur et de la même manière, un disciple infidèle perd sa valeur essentielle en Christ” [vv. 34-35].

Pendant que la foule écoutait l’enseignement du Christ, il les éprouva par une plus forte parabole de faire le choix entre lui ou leur propre famille, c’est-à-dire leur dépendance de leurs possessions pour faire l’œuvre de Dieu [vv. 24-27]. Si porter la croix est aussi compter les coûts, la croix a certainement un prix si ce n’est que celui d’apprendre la confiance en Christ, même quand les analyses et les réflexions sur les projets personnels sont toujours honorables, elles ne sont pas suffisantes pour payer nos péchés [vv. 28-33].

Le Livre de Luc illustre un ensemble de paraboles qui conduisent vers la confiance dans l’enseignement du Christ. Son message concerne le salut offert à l’humanité si elle veut se réveiller de son état léthargique pour prendre la voie qui conduit à ses véritables valeurs spirituelles, sa mission, sa paix et son salut. Si le message échappe à beaucoup, certains le retiennent avec assurance pour cheminer dans l’obéissance avec confiance. La présence de l’Église dans le monde entier est significative de confiance parce qu’elle prône à la fois, le rappel et la nouvelle direction dont le premier est la prédication et le second, la confiance. Les deux se rencontrent au carrefour d’un nouveau départ que Christ prône par le cheminement de la croix.

Être un disciple

Rien n’est facile si on veut réussir. Il faut tout simplement s’engager pour être déjà à mi-chemin. Avant-hier, j’ai reçu un message d’un collègue sur WhatsApp se résumant en deux mots : nous piétinons. Je l’ai tout de suite appelé au téléphone pour en savoir plus. A ma grande stupéfaction, il me décrit l’état de son environnement piégé par des détours, de la folie collective due aux dissensions sociopolitiques et de douleurs en l’absence de Dieu. Ma réponse fut simple et claire : les problèmes sont analogues partout même s’ils sont culturels. Ils ont tous un dénominateur commun : le mépris. (1) Le mépris de Dieu, (2) le mépris de l’enseignement du Christ, (3) le mépris de l’amour venant de l’Esprit-Saint. Ces trois mépris engagent Christ dans sa conversation avec la foule pour leur dire d’une part ; « Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple » [v. 26] ; d’autre part, « Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple »[v. 27].

D’abord il est choquant pour nous d’entendre cet appel à la haine dans la bouche de Jésus, cet appel qui est tout le contraire de la loi même de Moïse : Honore ton père et ta mère si tu veux que tes jours se prolongent dans la Terreque le Seigneur te donne. Luc lui-même nous rappelle quelques chapitres plus loin que Jésus fait référence à ce même commandement comme condition pour entrer dans le Royaume. Cet apparent appel à la haine fait donc réellement question.

Ce texte pose des problèmes, ensuite parce qu’il a souvent été utilisé à tort et à travers, et de manière extrêmement sectaire. Beaucoup de groupes religieux, pas si lointains de nous d’ailleurs, ont, au nom de ce texte-là, divisé des familles, comme si la séparation d’avec les proches était un préalable à la foi en Jésus Christ, comme si l’amour du prochain – parce que c’est de cela qu’il s’agit – ne pouvait pas inclure la parenté.

Trop souvent, l’on a entendu et l’on a vu des drames à cause de cette parole de l’Évangile mal comprise, voire volontairement détournée. Pour bien saisir le sens des paroles de Jésus, il nous faut donc considérer l’ensemble du passage et prendre en compte les remarques de la suite du texte. Bien évidemment

, Jésus ne cherche pas à aller à l’encontre de la loi. Jésus ne demande pas non plus à ses disciples de pratiquer une ségrégation d’amour aussi radicale et aussi contraire à la parole même de l’Évangile.[iii]

Comment comprendre et appliquer ce que Christ enseigne à l’humanité hantée par ses convoitises et son obsession de l’utopie ; n’ayant ni le temps de l’attirance, voire une halte, ni le temps d’entendre, voire écouter ? Préoccupée par tout ce qui l’attire pour ses besoins au-delà de l’intolérable, l’humanité a fait le choix de vivre dans l’angoisse au lieu du bonheur, la violence au lieu de la modération, l’arrogance ou le vol au lieu du respect. Ces diatribes démontrent le choix de vivre qu’elle s’est choisie, que Christ est venu rectifier par la condition du salut se résumant dans la confiance en Dieu.

Le salut est conditionnel par qu’il exige de chacun de devenir un disciple ; pas un disciple du Christ, mais un disciple de Dieu comme Christ le fût [6:40b]. C’est une réflexion qui engage une conversation avec l’Esprit-Saint et le Livre de Luc qui dévoile les arcanes du profil du disciple pour plusieurs raisons :

  1. Parce qu’il doit être prêt à accueillir les difficultés avec joie. Qu’elles soient de nature conflictuelle ou non, son objectif est de raconter le salut par la proclamation de l’évangile dans l’amour du Christ et la crainte de Dieu [9:51-56 ; 12:4 ; 23:34].
  2. Parce qu’il doit aimer son prochain comme Christ le fit [9:55], aider, à l’exemple du Samaritain, son prochain au besoin [10:35] en pratiquant les services pour les fonctions qui lui sont attribués dans la société. Son engagement doit être, en tout, exemplaire et inspirant.
  3. Parce qu’il doit se revêtir d’humilité pour mener à bien sa mission tout en plaçant les autres avants lui [14:10-11] avec générosité pour être justifié devant Dieu [18 :14].
  4. Parce qu’il doit s’attacher uniquement à Dieu en lui faisant confiance en tout temps pour éviter d’être freiné dans son ascendance. Il s’agit d’un engagement de toute une vie, de consécration, de dévotion, de renoncement, de priorité pour éviter de servir deux maîtres à la fois [16:13].
  5. Parce qu’il doit être dépendant spirituellement de Dieu pour éviter de compter sur les richesses de ce monde, en faisant échec aux doutes [12:22] en plus de garder la parole de Dieu en toute occasion qui lui sera d’une grande bénédiction.
  6. Parce qu’il doit être vigilant [12:40] et d’une attente soutenue équipant les saints à miser sur Dieu, sur Sa parole afin de gagner plus d’âmes au service de Dieu.

Les illustrations que nous présente Christ à construire la foi sont une opportunité de changement qui se résume dans les réflexions qui engagent chacun à comprendre le sens de sa mission.

Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple [vv 24-27], il est évident que cela traduit leur dépendance de leurs possessions pour faire l’œuvre de Dieu. De plus, la relation qui unit le disciple à Jésus, homme ou femme, est de qualité polyvalente, à la fois fraternelle, maternelle, et de

sororité.[iv]

Si aussi la parabole de l’homme qui veut bâtir une tour et celle du roi qui veut partir en guerre exigent qu’il faille compter le coût, avant de s’engager, Jésus transforme cette évidence en un programme de réflexion sur quiconque ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple.

 Avec cette remarque de Jésus, on change de niveau, et le bon sens fait place à la folie des Béatitudes, à l’aventure de la foi. Quand il s’agit de bâtir ou de guerroyer, on n’a jamais assez ; mais quand il s’agit de suivre Jésus, on possède toujours trop, on s’appuie toujours trop sur son avoir, on s’enferme toujours trop dans le désir d’avoir ou d’avoir plus, tant dans les richesses matérielles que dans celles de la culture ou du pouvoir.[v]

Devenir un disciple devrait être la seule urgence de nos préoccupations. Il faut faire vite pour ne pas dire maintenant afin que le salut soit activé par le moteur de la confiance. Si la foi est un acte de confiance, la confiance est ce qui rend possible la relation avec Dieu et valorise notre crédibilité chrétienne avec tout un cortège de bonheur. Quelqu’un me disait un jour en couplant ses transactions bancaires en ligne, elles deviennent plus crédibles en confiance et en valeur. Ces valeurs humaines ne sont nullement comparables aux valeurs spirituelles quand elles sont transférées au compte bancaire du Christ où la véritable richesse sera de rester libre de toute possession et de laisser Dieu prendre soin de nous.

 

 

[i] Mazzalongo, M. (2018). L’évangile de Luc et les Actes des Apôtres. Bibletalk Books.

 

CHAPITRE 4

 

[ii] Le sel est un condiment qui ajoute du goût et de la saveur à la nourrituredifférente aujourd’hui. Il dit qu’il était venu me voir tout simplement. Nous devons donner au monde le sel de notre foi et montrer l’amitié et la pureté de Dieu. Il est important que nous utilisions le sel avec parcimonie, car trop de sel peut causer plus de dommages que l’absence de sel.

[iii] revu

[iv] Stahl Janine. A propos d’ en Mémoire d’Elle: il est écrit que seul un Français sur dix croits en la résurrection, selon un sondage TNS Sobres/Logique

[v] 23e Dimanche T.O.  la question, qui a-t-il pour vous après la mort ? Seuls10 % des Français répondent

 

CHAPITRE 5