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L’Architecture de l’Évolution

AUTEURS D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

 

Auteurs d’hier et d’aujourd’hui

L’évidence historique de l’architecture a beaucoup évolué à travers les siècles. Il devient important de comprendre la portée de son message culturel dans le monde et le message qu’elle transcende à travers les générations. L’architecture n’est plus la conception et l’organisation d’une pièce à une autre. Elle a pris une dimension philosophique, culturelle et spirituelle depuis plusieurs siècles desquelles il faut comprendre les façons et les détours pour interpréter la marche de son évolution. Il n’est plus question de parler d’une architecture moderne mais d’une Architecture de l’Évolution qui embrasse les nouveaux venus au carrefour de l’histoire. À ce carrefour, on note l’intervention de plusieurs auteurs qui n’ont pas hésité à aborder la problématique de l’architecture dans un contexte virtuel universalisé pour formuler les problèmes généraux qui en découlent, tout en recherchant l’origine des difficultés et les palliatifs qui seront nécessaires pour corriger, rectifier et contribuer à un plus large essor toujours les uns plus expressifs, esthétiques et fonctionnels que les autres. Tous pourront faire répertorier leurs œuvres à travers leurs significations et leurs contributions à l’originalité fonctionnelle et esthétique de leur page d’histoire moderne. Il devient impératif de jeter un regard sur le réalisme de l’architecture dans ses composantes analytiques pour comprendre la différence entre art et architecture en remontant la rampe vers une ascension au XXIème siècle.

 

Le réalisme de la modernité

On comprend aujourd’hui l’intervention de l’auteur Daniel Guibert, dans son ouvrage :

« Réalisme et Architecture » (D. GUIBERT 1995) qui présente l’ébauche du projet moderne. Il développe la pensée d’un nouvel imaginaire social qui était pointé à l’horizon du XIXe siècle avec dynamisme et relativité dans son rapport avec le temps et l’espace. Il vient avec ses propres techniques pour transformer la société « sous l’égide d’une pensée technique » selon

 

L’Architecture de l’Évolution est la condition suivante : « Il faut s’organiser, rendre ce monde cohérent avec les fins productives de l’existence et de la subsistance, del’accroissement de la richesse des nations ». Un appel à mon avis judicieux s’adressant aux Écoles d’Architecture à travers lesprojections d’images et la sensibilisation du public favoriserait le ralliement à la cause du changement vers un meilleur avenir de l’évolution.

 

L’architecture met en scène le spectacle du monde technique et symbolise l’ordre imaginaire avec les concepts caractéristiques du savoir contemporain. Elle devient le passage obligé pour ouvrir la conscience et porter tout le monde à parcourir en concert l’espace de leur imaginaire technique. Ainsi, le jeu du « nous » s’applique au collectif pour s’identifier à l’objet-projet.L’objet présente le tableau des références pour situer le sujet du projet.

« Constatons simplement que la liberté du sujet du projet est fondée sur l’exaltation hautaine d’une singularité qui part à la conquêtede l’universalité » (p. 15). À cette fin, pour qu’il y ait évolution, le projet est appelé à servir le monde parce qu’il doit s’élever à l’aube de nouvelles périodes. Puisqu’il s’inscrit dans la problématique de la modernité, le projet doit donner naissance à l’image, à la rationalité jugée subliminale au seuil de la conscience. « Même si le projet devient un défi, la mentalité projective ne s’arrête pas parce qu’ellen’échappe jamais à la pensée magique » (p. 22).

 

La

forme à l’existence d’une architecture de raison

Tout ce qui est dans la nature a une forme. La forme étant inséparable à la vie donne un sens à ce qu’elle accomplit. C’est pourquoi toutes les tendances confondues de croyances ou autres conduisent vers l’accomplissement des fonctions par le germe de la forme. Toutefois beaucoup de questions peuvent être soulevées, notamment celles qui interrogent les fonctions et la forme pour savoir à quel moment l’une ou l’autre peut changer ; et qui a la suprématie ? Pour Louis H. Sullivan,2 « l’architecture est un moyen de lutte pour l’édification d’une société qui lui est contemporaine, et vice versa ». Puisque pour ce dernier la forme est organique, il devient naturel de la fusionner avec la fonction. Si la

 

L’Architecture de l’Évolution fonction donnenaissance à la forme, le contrôle de la puissance symbolique de l’architecture se perd d’une part ; et d’autre part, quand la fonctionne change pas, la forme non plus ne changera pas. Il devient évident que la fonction est à la nature ce que la forme est à l’architecture.

 

 

Etienne Louis Boullée3 croit que l’architecture doit jouer un rôle fondamental de transformation pour favoriser son expansion et son évolution. Elle n’a rien à voir avec l’art de bâtir, qui est plutôt secondaire et scientifique. Elle est de préférence une création intellectuelle d’images, un art de pure imagination. « Elle est concept en projet avant d’être forme vouée à bâtir ». L’architecte est le metteur en œuvre de la nature où tous les facteurs concourent à conférer aux corps bien proportionnés des qualités de former et de dessiner, d’ordre et d’harmonie. Puisque dans l’ensemble, l’ordre des choses doit être bien combiné dans un grand tout, l’art de bien faire en architecture provient de cette organisation. Il s’agira de concevoir avant de dessiner avec une sensibilité qui rapproche de l’être et de la nature encadrée par la raison » (p. 42). « O nature qu’il est bien vrai de dire que tu es le livre des livres, la science universelle ! Nous, nous ne pouvons rien sans toi ! Mais si tu recommences tous les ans le cours le plus instructif, le plus intéressant, combien peu d’hommes assistent à tes leçons et savent en profiter » (p. 52).

 

L’architecture propose un jeu d’images tangible avec des moyens descriptifs où l’imaginaire spatialise en dehors du temps. Penser avec les mots, c’est aussi penser en images. L’image d’architecture n’est pas l’image picturale. Elle est métaphorique (p. 62) à partir d’hypothèses sur des ensembles structurés d’images dans le procès des conceptions pour parvenir aux projections synthétiques (p. 63). Elle ouvre ainsi la voie au dialogue permanent. Pour Vittorio Gregoti4, l’architecture doit dialoguer avec le temps présent qui embrasse la communauté dans son territoire. Le dialogue doit aller plus loin entre le design et l’environnement. Il doit favoriser une mise en scène pleine de retenue devant les conflits pour donner naissance à une architecture de raison. Pour aussi y parvenir, tous les facteurs

 

L’Architecture de l’Évolution doivent être considérés de manière à constituer une véritable « hétérotopie informationnelle de départ » favorisant l’établissement de règles comme sujet à définir les lieux (p. 72).

 

« L’irréalité contemporaine de l’architecture n’a plus rien à voir avec le réalisme qui achève le projet moderne ; elle est de l’ordre d’une surenchère de références, d’un excès de vérité ou d’un surcroît d’exactitude, de finition ou de sophistications techniques : tout doit passer par une évidence absolue du réel et de la visibilité dans un trop-plein de signes de chacun des traits de l’architecture » (p. 80). Si Sullivan croit que l’espace architectural passe par le système organique, Walter Gropius5 le voit dans un contexte plus large ; par la fusion « organique » des moyens de communication de masse. Les représentations architecturales finissent par faire comprendre le miroir de réflexion d’une conscience d’être. L’architecture reflète la métaphore « d’une cohérence relative » de l’imagination, de l’invention, de la création ouvrant la voie aux débats théoriques que Henry Van de Velde6 traduit par le « moral/plastique érigé et esthétique ».

 

 

Pour Henry, l’architecture ne doit pas osciller d’une conception à une autre. Elle doit s’inscrire dans une métaphysique de l’énergie du créateur où « la ligne emprunte sa force à celui qui l’a tracée » selon d’autres moyens qui résident « par le seul pouvoir d’une épuration calculée et abstraite, d’une géométrie variable de l’économie qui vise la seule représentation du progrès social technique » (p. 87). De son côté, Walter Gropius ajoute que l’enseignement doit constituer un transfert indispensable pour étendre la communication et l’information, (p.92) et pallier les manquements de l’ordre et de la beauté pour enfin proposer « une gestion de la perception, une maîtrise de la distance à la forme » (p. 95). Tout se circonscrit sur un ensemble de valeurs comme seule éthique comme valeur morale. Ces valeurs sont vite rejetées dans les laboratoires du Bauhaus de Weimar7 parce qu’elles ne garantissent en rien une production universelle de la beauté plastique.

 

 

La forme à l’existence de l’imaginaire dans le Postmoderne et l’Hyperréalisme

 

L’Architecture de l’Évolution La beauté plastique est née d’une énigme qui est celle du passage de l’idée à l’image. O. Mungers8 croit qu’il y a lieu de regarder deux passages : le premier à l’activité théorique ; le second, la manière d’aborder la création architecturale. Les deux sont liés à l’idée thématique qui a élaboré la pensée de l’architecture « d’aller au-delà du simple accomplissement de fonctions pour les transformer par la pensée » (p. 107). Si la pensée de la forme suit la fonction, c’est le thème qui détermine le contenu et l’expression artistique del’architecture entre critique du fonctionnalisme et référence au mouvement surréaliste. Les deux possèdent les moyens de combler l’écart objectif et subjectif (p. 115). Il y a donc lieu de voir l’apparition de la modernité dans la mise en jeu des idées qui se caractérisent par la fonction qui suit la forme pour beaucoup.

 

Tradition et continuité, pour Walter Gropius, donnent naissance à la novation totale qu’est la modernité. « C’est dans la référence à la tradition que la doctrine moderne trouve à la fois sa force et ses limites. Elle définit un territoire de projection à thème unique, excluant toute aventure qui pourrait déborder du cadre prévu, probable, des seules variations tolérées sur ce thème » (p. 117). C’est Frank Lloyd Wright9 qui affirme plus tard que le projet organique inaugure cette modernité ; alors que de son côté, Walter Gropius affirme que la fin de l’architecture métaphorique est l’accomplissement d’un ensemble de valeurs à fortiori historiques permettant aux architectes de revendiquer un statut scientifique comprenant la communication comme valeur, l’apparence comme médium et l’instrumentalité comme message pour la discipline architecturale (p. 120). Il est évident, à mon avis, que l’architecture restera métaphorique parce qu’elle symbolise un temps, une époque, une histoire. Sa présence physique permet de remonter l’histoire. Elle reste et demeure métaphorique par son passage du message d’une société qu’elle a représenté et transcendé.

 

L’imaginaire technique devient un fait privé d’un système en évolution selon les états conceptuels : « objet/réalité, objet/réel,objet/représenté » (p. 131) qui règnent en substance dans le réalisme (p. 133). L’imaginaire technique devient instrumental parl’ensemble des

 

L’Architecture de l’Évolution images qui favorisent une nouvelle forme de conceptualisation dans la réalisation de la diversité. A ce stade, « Réalisme et architecture »contribuent à favoriser les rapprochements et les méfiances des architectes dans leur simulation de l’imaginaire technique. Les nouvelles données et analyses ont favorisé l’essor d’une architecture plus rationnelle au regard des images des nombres, de la géométrie consistant à placer « en contexte » leur fondement à l’origine de leur rôle à l’attribution d’épithètes sensibles aux trouvailles des uns et des autres. Ce qu’il y a lieu de croire, est qu’il n’existe pas « une confusion configurée des instrumentalités » où les architectes se retrouvent aujourd’hui devant l’évidence des nouvelles données d’agir avec indifférence sur la simulation et les œuvres d’art. Je crois que le changement et l’évolution se rencontrent dans la mesure où l’imaginaire technique tend ses horizons de pensée pour favoriser une dynamique d’échanges dans le courant continu de l’articulation progressif des voies et moyens de les développer et de les maîtriser avec le temps