Extrait de l’Interview réalisée sur les ondes de Signal FM
Mercredi 24 Octobre 2018
Thème : L’Enseignement Supérieur en Haïti
Par: Michel Soukar
Invité spécial : Dr. Fritz E Olivier, Ph.D., D.Min.
Chancelier à l’Université GOC
MS. Dr Olivier, pourriez-vous nous dire brièvement votre parcours universitaire ?
FO Après nos études primaires et secondaires en Haïti, nous avons suivi un long parcours dans l’Enseignement Supérieur, notamment dans différentes universités aux États-Unis telles, Pratt Institute, Howard University, Princeton University et Wesley Theological Seminary où nous avons obtenu successivement trois maitrises et deux doctorats dans les domaines de l’Architecture, des Sciences de la religion, de la Théologie systématique, du Ministère et du Leadership.
MS Pourquoi après toutes ces études êtes-vous revenu au pays ?
FO L’idée de revenir était un rêve, celui de partager et d’enseigner aux compatriotes à devenir des acteurs professionnels, productifs ici et ailleurs. Cela n’a pas été facile, même quand à l’époque il y avait plusieurs collègues qui participaient au développement de la société en général.
Je n’avais à aucun moment pensé que j’allais faire carrière pour gagner de l’argent, mais plutôt offrir une plus large expérience de changement et de transformation, aider les jeunes à poursuivre leur rêve de succès dans la compétition globalisée. Cela a été très dure à l’époque, ne connaissant personne. Il a fallu faire de nouvelles connaissances et bâtir.
MS On dit que les débuts sont souvent difficiles. En venant, vous aviez pourtant un rêve, pourriez-vous le partager ?
FO Comme la plupart des collègues de la génération « boomers », mon rêve était de construire la plus grande Université en Haïti pouvant desservir plusieurs milliers de jeunes sans laisser un seul sur le pavé. Ce rêve est né quand je faisais des recherches architecturales. En plein midi je dégustais mon lunch dans un mini-restaurant à East Harlem en 1970. Des larmes me vinrent aux yeux ce jour-là, voyant toutes les opportunités dans ce pays et qui n’existaient pas dans ma terre natale. Je me suis posé à plusieurs reprises la question, pourquoi ? Et poussant un ouf de soulagement, je me suis dit, je retournerai pour construire ce rêve et offrir le meilleur enseignement possible à la jeunesse haïtienne et aux moins privilégiés.
MS Quid de l’Université d’État, comment expliquer un nombre croissant d’universités privées ?
FO Le besoin s’est fait sentir avec le nombre croissant d’étudiants qui sortent du baccalauréat. Le résultat de ce nombre croissant s’explique par plusieurs raisons : (1) l’État est démissionnaire et se focalise sur la politique ; (2) l’État ne s’organise pas pour renforcer les structures adéquates de l’Enseignement Supérieur, avec des lois pouvant offrir des alternatives de fonctionnement posant les balises qui traceraient la route aux Universités, fonctionneraient de manière homogène, assurant une excellente formation aux jeunes ; (3) les forces vives des chambres législatives ne semblent pas montrer leur préoccupation pour l’ES, d’où le nombre croissant d’Universités privées que Philippe Lucas dans son ouvrage, « L’Université Captive » appelle « bidonvilisation” intellectuelle et matérielle, et même morale. Dommage que nous soyons à ce carrefour. Ces raisons sont suffisantes pour comprendre que nos dirigeants ont de tous temps, négligé l’Université, qui offre un spectacle aussi regrettable. Peut-être que durant leurs études, ils n’ont jamais été sensibilisés à l’importance de la recherche qui est un des piliers de l’Université traitée en foutoir.
MS La Direction de l’Enseignement Supérieur vient de publier au mois d’Avril 2018, une liste de plus d’une centaine d’universités qui ont bénéficié de l’autorisation de fonctionner dans le pays, comment l’expliquer ?
FO Je n’ai pas été étonné du nombre d’autant plus que nos recherches nous ont conduit à savoir qu’il existe plus de 300 Universités qui fonctionnent dans des conditions non adéquates. Le problème est réel et il faut le résoudre immédiatement y compris les problèmes du transport en commun, le phénomène des « taptap », les marchands ambulants qui envahissent les zones résidentielles, la déforestation, le manque d’emplois de nos citadins, la bidonvilisation à outrance, des gens qui vivent dans cet état de misère sans aide massive de redressement honnête. Du jamais vu ! Cela peut provoquer des risques de « road rage » par les armes. Si ces problèmes ne sont pas résolus IMMEDIATEMENT, pensez-vous que nos dirigeants vont se pencher le problème de l’ES qui est le poumon de la survie de la société ? Le pays a besoin d’aide du secteur privé, qui doit faire ce dont l’État est incapable ; peut-être par manque de vision. Comme disait Jacques Julliard, « Pour les politiques, l’ES et la recherche, c’est un nid à emmerdes … Il faut un travail énorme pour faire comprendre aux politiques que l’Université et la recherche sont des investissements stratégiques. » Malheureusement plusieurs secteurs socio-professionnels qui se penchent sur la question semblent indiquer qu’ils recherchent l’opportunité et la visibilité et non les services. La plupart de nos associations professionnelles ne fonctionnent pas à cause de la mainmise de dirigeants qui exercent un leadership directif et non participatif. On retrouve ou bien l’indifférence chez ceux qui comprennent qu’il faut travailler en équipe ou bien des moutonniers ce qui attendent leur quote-part de ne je sais quoi ? Vous serez déçus en faisant une enquête personnelle d’entendre ce qu’on vous raconte venant de professionnels qui ont une lecture décente de la situation. Je dirai comme Odile Jacob [2012] : « Il y a trois priorités absolues pour le pays : l’éducation, la recherche et la culture. Je rêve d’un chef d’État qui tomberait amoureux de la science. »
MS Quelle est l’appréciation de l’Enseignement Supérieur d’un Établissement comme l’Université GOC qui fonctionne depuis près 40 ans, qui doit avoir une grande expérience dans la formation des professionnels haïtiens ?
FO Il existe certaines bonnes Universités Privées qui font de leur mieux pour donner une formation adéquate à la jeunesse haïtienne. Il faut les encourager et l’État doit très vite les aider financièrement comme il le fait pour l’Université d’État. Il n’y a aucune différence entre les Universités Privées et l’Université d’État pour répondre aussi à votre question antérieure, parce qu’elles ont comme dénominateur commun, la formation des jeunes haïtiens. Pourquoi favoriser l’une et ne pas faire autant avec l’autre, ce qui est une pratique courante dans les pays d’outre-mer ? Il faut en finir avec cette démarcation qui est inique envers la jeunesse. Si l’Université d’État doit bénéficier de ressources humaines et didactiques par exemple, venant de l’extérieur, les mêmes ressources doivent être mises à la disposition des Universités Privées pour la formation homogène de nos concitoyens. Je vous affirme, que je ferais les choses autrement si j’avais la responsabilité de mettre de l’ordre dans l’ES. Tous ont droit à l’éducation et JAMAIS laisser un seul à l’extérieur. Il faut les aider tous, équitablement à la survie et à l’émancipation. Il faut instiller aux jeunes cette attention particulière qui fait aimer son pays et y rester pour apprendre et servir en retour. J’ai travaillé avec tout une équipe sur la réforme de l’Université d’État où j’ai eu l’occasion de présider la commission, proposant une alternative de réflexions qui pouvait donner le « booster » dont elle a besoin avec l’optique d’embrasser les universités privées qui ont fait leur preuve et continuent de la faire sur le marché du travail et ailleurs. Et parmi nos réflexions, nous avions aussi proposé de subvenir aux besoins des étudiants sous forme d’emprunt financier qu’ils remettront dans une période de grâce de 9 à 12 mois après le succès de leurs études. Malheureusement, la situation politique de l’époque, je crois, en 1994, n’a pas donné le temps de parvenir à concrétiser nos propositions de l’époque.
Depuis tantôt cinq (5) ans l’Université GOC fonctionne à l’ère de la numérisation. Elle prend du temps pour s’implanter car elle s’adresse à tous les secteurs, enseignants, étudiants et administrateurs. Nous avons franchi un grand pas et nous nous réjouissons de l’effort en commun de nos collaborateurs qui travaillent d’arrache-pied comme nous, pour réussir à 100% le nouveau mode d’enseignement. Nous offrons des examens en ligne, des cours en ligne sans assistance étrangère d’aucune sorte et informons ceux qui veulent bénéficier de nos expériences de notre disposition à les encadrer pour réussir une qualité d’enseignement globalisé, compétitif et sans frontière.
MS Les enseignants se plaignent du niveau des étudiants qui rentrent à l’Université sans aucune préparation. Pensez-vous que ce soit une évaluation appréciable ?
FO La préparation dépend en grande partie de la politique générale de l’enseignement qui est appliqué. Les évaluations individuelles et collectives permettent de déterminer le genre de technique qu’il faut utiliser sans pour autant exiger du postulant de passer des années de préparation qui en général ne conduisent pas à grande chose. Les techniques sont d’ordre divers en passant par les interactions pour aboutir à l’innovation pédagogique. A ce stade, la maturité de l’étudiant totalement chloroformée par une culture de soumission est sensibilisée pour se voir au carrefour de ses responsabilités. D’un côté, améliorer l’alignement pédagogique est indispensable quand il est perçu dans l’optique entre objectifs, méthodes et évaluation à l’intérieur d’un programme ; de l’autre, dans la dynamisation de l’étudiant à l’interaction de manière à rendre l’apprentissage plus profond et durablement ancré et pourquoi pas plus transférable. Nous allons plus loin en augmentant la valeur des activités des étudiants dans une dynamique qui le rapproche de son vécu professionnel ; augmentant la compréhension des sujets qui lui sont inculqués pour le doter du contrôle de ses taches avec une autonomie dans le pilotage de ses apprentissages. Est-ce que cela veut dire que nous réussissons à tous les coups ? Non, car la mise à niveau a un triple cheminement dans le parcours de l’ES : (1) la passion d’apprendre ; (2) le désir de combler ses aspirations ; (3) la modélisation référentielle qui stimule en ouvrant la voie à la trajectoire idéale que poursuit l’étudiant.
Nous misons particulièrement sur l’autonomie de nos enseignants dans l’intérêt de promouvoir les méthodes qu’ils souhaitent, pour parvenir au caractère diagnostique des évaluations dans l’activité des apprenants. La mise à niveau encastrée dans les cours réguliers est passée inaperçue par ce qu’elle est filtrée dans la technique de l’expérience, la culture individuelle et collective de l’apprentissage. Finalement, se plaindre, c’est ne pas comprendre les enjeux de nos cultures de village et les moyens de fonctionnement des échelles des écoles fondamentales.
MS Plusieurs universités fonctionnent avec la moyenne générale de 5/10 comme les établissements secondaires, est-ce la véritable formule ?
FO Nous en avons fait le constat quand plusieurs étudiants viennent poursuivre leur programme d’études à l’UGOC. Après analyse de leur dossier, les recommandations exigent qu’ils doivent reprendre toutes les matières dont les notes sont inférieures à 6.50/10. Ce qui joue en leur faveur est l’unité de crédit académique exigible, que chaque matière doit être réussie pour que le récipiendaire soit promu ou d’un prérequis à un autre cours qui se poursuit. La moyenne 5/10 n’est pas le véritable enjeu car elle varie pour plusieurs pays qui évaluent les notes avant ou après conversion à partir de l’ensemble des notes Erasmus. Ce qui est différent chez nous, la note représente le niveau de compréhension de la matière. Elle explique l’échec ou le succès de cette dernière qui ne fait référence à aucun affinement contrairement aux différentes méthodes d’évaluation en Italie, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suisse, le Danemark etc. Pour vous donner une explication à ce titre : « Par exemple, le seuil pour l’obtention de la note C en Italie = 24/30 (en Faculté́ de droit ULB = 13,11) tandis que le seuil pour l’obtention de la meilleure note suivante B = 28/30 (en Faculté́ de droit ULB = 14,03). Dès lors que l’unité́ de notation en Italie = 1/30, il y a donc suivant ce système de notation 4 unités entre les notes C et D. Une note de 26/30 en Italie est donc située exactement entre ces deux seuils (à la moitié). La conversion en note ULB s’opèrera de même et donc en l’occurrence, la note correspondante en Faculté́ de droit à l’ULB sera 13,57/20 (à savoir la note C = 13,11 à laquelle est ajoutée la moitié de la différence entre les seuils C et D = 0,92/2 = 0,46).
Pareil affinement n’est par exemple pas possible en Suisse, où l’unité́ de notation est de 0,5/6, ce qui implique qu’il n’y a pas de seuil intermédiaire entre C = 5/6 et B = 5,5/6 (voy. supra). Dans ce cas, la conversion s’établit nécessairement au seuil (5/6 = 13,11 ; 5,5/6 = 14,03). Je vous réfère à ce lien, pour avoir de plus amples informations : [https://www.ulb.ac.be/facs/droit/docs/ErasmusConvNotes.pdf].
MS Le devenir de l’Enseignement Supérieur passe par quoi d’après vous ?
FO Il faut immédiatement la création d’une unité pédagogique apolitique, autonome et indépendante, dénommée : Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, CNESRS, qui aura pour mission d’organiser les formations éducatives postérieures au baccalauréat en conformité avec l’évolution de la science et des technologies académiques. Un Conseil qui dit non au tournis, où l’action nécessite vision et durée. Il doit accentuer le sens de l’effort et des responsabilités du patrimoine culturel national avec une large ouverture sur le monde. Il devra mettre les balises permettant à toutes les universités de régulariser leur méthode d’enseignement pédagogique, de manière à construire des principes de planification liés aux activités facilitant la maitrise et la coordination des institutions. Il devra travailler pour assurer l’évolution positive des mentalités par un mode de pensée propre à l’identité culturelle dans le transfert et l’adaptation des innovations technologiques capables d’ouvrir la voie à la compétition globalisée et sans frontière.
La Direction Nationale de l’Enseignement Supérieure qui existe actuellement est un atout indispensable pour comprendre le cheminement des universités actives et les statistiques qui permettront de poursuivre les études appropriées quant à l’orientation et le devenir de ces institutions. Il devient évident que ces dossiers deviendront sensibles et ne faciliteront pas la tâche de gargariser l’autosatisfaction devant la nature incontestable de la qualité inadéquate de l’enseignement qui est offert. Il y a beaucoup à produire et comme je le dis tantôt, on doit le faire vite et bien pour le devenir de la nation. L’Université est la seule autorité intellectuelle, morale et scientifique qui doit dicter les enjeux du développement robuste à tous les niveaux, par les moyens de l’innovation, de la technologie et de la philosophie.
MS Pensez-vous avec l’inexistence d’encadrement de l’Enseignement Supérieur et de l’État qui ne joue pas son rôle régulateur, nous ne tendons pas vers la bidonvilisation des universités qui est un constat totalement inquiétant ?
FO Vous êtes devant un fait accompli et ne pouvez l’ignorer. La grande question est comment y remédier quand les balises n’existent pas pour donner les directives aux Universités privées et publiques ; quand les élites qui nous gouvernent n’ont aucune culture de l’innovation et n’ont aucune idée de ce à quoi peut servir la recherche, ni des raisons qui font que l’ES et la recherche doivent être intimement liés pour se fertiliser mutuellement. Je dois vous dire honnêtement, ce n’est pas pour la première fois que j’entends ce mot et dans certains autres pays on parle de prolétarisation de l’ES. Ce qui nous inquiète, est l’envahissement de « professionnels » qui n’ont pas la formation adéquate encombrant le marché du travail. Si le niveau est bas ; au fait il l’est, les conséquences seront encore plus graves parce qu’elles vont donner le coup de grâce à nos institutions. On comprend pourquoi ce sont les étrangers qui viennent faire des études de dossier ou de projets et sans leur consentement, les fonds internationaux ne seront pas déboursés. Donc, ils occupent la place de nos professionnels qui sont très souvent placés en 3ème ou 4ème rang pour ne pas dire des remblais ou superviseurs. Ces derniers peuvent se réjouir du titre mais jamais de la fonction parce qu’ils seront incapables de participer aux compétitions globalisées, relever les défis de l’évolution qui exigent davantage de connaissances et de créativité. D’ailleurs ce que nous constatons depuis plus de 30 ans est la décadence grave des professionnels occupant le marché du travail sans diplôme, avec des bévues sérieuses dans l’exercice de la profession. Plusieurs de nos compatriotes vont voir des médecins étrangers plutôt que les nôtres ou font venir des professionnels d’autres pays pour construire leur maison ou fabriquer des textures pour la confection d’ouvrages exigeant la compétence. C’est grave parce qu’il n’y a pas de guide. L’État est inexistant et incapable de se structurer dans le changement et la continuité.
Un autre point à souligner c’est que la plupart de nos Universités ne font pas de recherches, ne donnent pas d’ouvrages de références à lire, exigibles à chaque matière pour faciliter la compréhension du cours. L’enseignement se fait dans l’arbitraire par de jeunes professeurs qui n’ont pas de maitrise ou de manière caduque par ceux qui sont dépassés par l’innovation et la technologie ou dictant des notes avec leurs anciens cahiers de vingt ans et plus. En absence d’ouvrages, de documentations, de revues, de recherche, d’interactions comment les cours peuvent avoir leur potentiel constructif si ce n’est qu’encourager l’utopie dans l’ignorance ? Malheureusement c’est la pratique courante de la majorité de nos universités et il faut stopper l’assaut de cette culture rétrograde, devant la situation intolérable qui demande inconditionnellement un redressement immédiat. Pour reprendre la pensée de l’autre « Il faut un travail énorme pour faire comprendre aux politiques que l’Université et la recherche sont des investissements stratégiques. » On dirait que l’Université en Haïti vit dans un monde à part hors société et pourquoi pas hors sol.
MS Quid de la formation donnée dans les universités privées ? Pensez-vous que ces professionnels sont à niveau si on tient compte de l’inexistence de recherches véritables, des professeurs qui n’ont pas de maitrise ou de doctorat enseignant dans l’arbitraire ?
FO Ne spécifiez pas, car le problème est plutôt général et concerne l’enseignement global offert dans nos Universités. Le fait majeur qui caractérise les handicaps de notre ES, c’est le sous-développement indigne dans lequel évolue les universités sous le regard indifférent de l’État. Comme je l’ai dit plus haut, certains résultats sont à espérer car tous ceux qui viennent fréquenter les universités viennent de culture de village ayant reçu une formation différente. Miser sur les professeurs est un atout majeur pour parvenir au succès des étudiants. Par exemple, au lieu d’avoir une Université d’État qui prépare seulement des futurs professionnels, elle devrait tout aussi bien se consacrer à la formation des maitres en grand nombre pour avoir les ressources disponibles pour promouvoir un travail d’excellence dans les autres Universités. Dans toute classe à l’Enseignement Supérieur, pour reprendre la pensée de Karl Hillebrand, « c’est le professeur qui communique ses idées, son savoir, ses procédés à l’élève ; ses procédés surtout et son système, car ce n’est pas dans l’ordre accidentel du code ou du manuel, mais daasteté, n’offrant d’autre attrait que la séduction inhérente à ses problèmes.” Quand le professeur n’a pas ces qualités, les résultats produisent les mêmes effets. D’où la nécessité de préparation de ces derniers devient un enjeu majeur pour assurer à tous les récipiendaires « le strict nécessaire de la vie intellectuelle, et comme qui dirait le pain et lns l’ordre philosophique qu’il enseigne. Point de rhétorique, rien qui flatte l’auditoire. C’est la science dans toute sa ch’eau, sans lesquels l’esprit reste stérile, s’il ne s’étiole pas complètement. » La nécessité de promouvoir des programmes de cours de deuxième cycle reste pour le moment la charge de l’Université d’État qui a les moyens de sa politique, de se doter de spécialistes capables d’offrir l’enseignement indispensable qu’il faut, pour colmater les brèches. Quant aux cours de troisième cycle, j’encourage nos professionnels de se regrouper ailleurs pour bénéficier d’une plus large expérience à l’échelle de la globalisation et de retourner en très grand nombre au pays mettre leur savoir dans le champ de l’ES. Si les conditions d’organisations sont réunies avec un échéancier de travail permettant de construire un meilleur avenir pour les jeunes, la prochaine décennie marquera un tournant progressif de nos Universités. Les tendances d’offrir des cours de deuxième et de troisième cycle pour moi, comme cela semble se pratiquer actuellement dans certaines Universités, méritent l’attention du CNESRS sans plus tarder pour éviter l’analphabétisme chronique culturel, communément appelé « metriz ak doktè pèpè ».
MS Quel est votre souhait pour le devenir de l’Enseignement Supérieur ?
FO Le Pays a besoin de savants pour un enseignement de masse capable de produire une élite nombreuse dans la recherche mettant un terme à l’exclusion et au système « d’élites raréfiées se transmettant comme un flambeau le privilège de la culture. » La formation doit être inculquée avec toutes les technologies actuelles favorisant la compétition et les opportunités sans frontières. Tous les finissants du secondaire ont droit à l’Enseignement Supérieur et aucun ne doit être exclu pour quelque raison que ce soit. Il faut des formules plus intelligentes de travail pour engager le patriotisme à dénoncer l’existence de barrières hermétiques renfermant des programmes inadaptés au modernisme et à la numérisation, à l’encontre du développement et de l’évolution de l’être.
L’Université doit préparer des êtres pour des types de société qui n’existent pas encore, se portant sur l’intuition des révolutions informatiques, puis télématique et puis internet en gestation, se canalisant sur toutes les éruptions idéologiques. Haïti est une terre d’opportunité qui n’a pas de place pour l’incompétence. Elle a besoin de savants pour que leurs découvertes dans le rayonnement qui s’y rattache dans la pratique contribue à la grandeur du pays. Sauf ceux qui l’aiment peuvent la comprendre et lui doter de son droit d’affirmation dans la différence par la formation savante de ses citoyens et l’éradication de la politique de duplicité des idiots-malins.
L’Université doit se focaliser sur la recherche pour affirmer son identité de civilisation. Ce sera le sens de son histoire en misant sur l’émancipation par les moyens de la connaissance. Elle doit aussi se polariser sur la compétition pour donner un sens d’aspiration à la communauté, lui permettant de renouveler sans cesse le sentiment d’appartenance entre la connaissance, la culture et l’humanisme.Om