Luc 10 :1-11, 16-20
La mission des soixante-douze disciples
1 Après cela, le Seigneur désigna encore soixante-dix autres disciples, et il les envoya deux à deux devant lui dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller. 2 Il leur dit : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. 3 Partez ; voici, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. 4 Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers, et ne saluez personne en chemin. 5 Dans quelque maison que vous entriez, dites d’abord : Que la paix soit sur cette maison ! 6 Et s’il se trouve là un enfant de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle reviendra à vous. 7 Demeurez dans cette maison-là, mangeant et buvant ce qu’on vous donnera ; car l’ouvrier mérite son salaire. N’allez pas de maison en maison. 8 Dans quelque ville que vous entriez, et où l’on vous recevra, mangez ce qui vous sera présenté, 9 guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le royaume de Dieu s’est approché de vous. 10 Mais dans quelque ville que vous entriez, et où l’on ne vous recevra pas, allez dans ses rues, et dites : 11 Nous secouons contre vous la poussière même de votre ville qui s’est attachée à nos pieds ; sachez cependant que le royaume de Dieu s’est approché.
Le retour des soixante-douze
16 Celui qui vous écoute m’écoute, et celui qui vous rejette me rejette ; et celui qui me rejette celui qui m’a envoyé. 17 Les soixante-dix revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom. 18 Jésus leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. 19 Voici, je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire. Jésus se réjouit 20 Cependant, ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.
Intro
Durant un entretien avec ceux qui souhaitent suivre le Christ, il leur dit malheur à ceux qui le joignent et qui retournent en arrière [Luc 9: 62].
Réjoui par le Saint-Esprit, Christ loua Dieu de ce que la parole était “réservée aux élus” [10: 21].
Contexte
La deuxième mission que Christ confia aux disciples était beaucoup plus spécifique. Justifiant l’importance de la moisson qui fait appel à des ouvriers « qualifiés », il préconise l’importance d’une saine organisation pour parvenir à une excellente évangélisation.
Tenant compte de la délicatesse de la mission où l’on se retrouve en territoire ennemis, en choisissant un nombre assez imposant[^1] pour évangéliser, Jésus leur donne la recommandation d’offrir la paix à ceux qui veulent ou non les accueillir, de recevoir l’hospitalité quand elle est offerte, de guérir les malades en annonçant la bonne nouvelle du Royaume [vv. 2-11]. De plus il ajoute, ceux qui vous écoutent le reçoivent [v. 16].
A leur retour missionnaire, les disciples racontent à Jésus tout ce qui s’était passé au point où même les démons leur étaient soumis. Ainsi il leur confirme de se réjouir que leurs noms étaient écrits dans le Royaume des Cieux [vv. 17-20].
L’Évangélisation
Pour être clair au départ, si vous êtes un chrétien sans mission, il n’est pas trop tard de prendre la décision. Les disciples ont reçu le message d’évangéliser tout comme aujourd’hui vous avez aussi le même avertissement. Les excuses ne remplacent jamais la foi parce que la foi est l’acte inébranlable de délivrer. Elle est la « vertu surnaturelle qui nous fait accepter les vérités révélées, sur la parole de Dieu qui nous les révèle. »[^2] Et puisque nous sommes témoins de la Parole et du Livre de Luc plus particulièrement qui nous invite par le Christ de nous équiper à la mission d’évangélisation, le message d’aujourd’hui nous concerne et fait appel à notre apostolat.
Ce n’est pas la première ni la dernière fois que les synoptiques nous parlent de la « grande commission » consistant à obéir et à prêter attention à l’enseignement du Christ pour le mettre en application. Il est nécessaire de faire la différence entre l’église, du mot grec ekklèsia sur la base de cette notion fondamentale du peuple de Dieu et l’évangélisation, du mot évangélion, qui est l’acte de la « bonne nouvelle » du salut, annoncée et réalisée par le Christ. Au nombre des activités du peuple de Dieu, Christ déclare : « : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers » [10 : 2a].
L’Église, en tant qu’assemblée du peuple de Dieu, se constitue par la prédication de l’Évangile, et la foi qui reçoit cette proclamation avec « esprit et puissance. » Jésus ne restait jamais sans rien faire. Il se déplaçait [8 :1 ; 10 :38 ; 13 : 22 ; 17 :12] pour s’occuper des affaires de Dieu, porter le témoignage de la bonne nouvelle, enseignant et guérissant les malades [6 :18 ; 17 :15, 17] par des miracles de toutes sortes [11 :29].
Jésus a compris la nécessité de l’évangélisation, intime aux disciples tout comme à l’Église d’aujourd’hui, l’ordre de « partir »[^3] dans un environnement ou un monde qu’il qualifie « milieu des loups » [v. 3b]. Lequel milieu existe encore aujourd’hui, plus téméraire et plus hostile ne pouvant être redressé qu’avec les armes de la parole et la présence de l’Esprit Saint [4 : 14 ; 10 : 19].[^4]
L’ordonnance
L’Église ne devrait jamais rester indifférente à l’ordre du Christ. « C’est d’importance, car l’Eglise n’est pas un rassemblement d’individus indépendants les uns des autres, étrangers les uns aux autres, mais bien un rassemblement de frères dans l’amour du Seigneur.”[^5]
Elle doit agir parce que sa vocation première est de chercher ceux du dehors pour les ramener dans la résidence des enfants de Dieu. Elle se définit comme :
1. Plénitude (plèrôma) du Christ en qui la divinité est incorporée.
2. Corps du Christ à travers l’Église qui est un visible, formé d’êtres humains en qui se déversent les grâces diverses données par un seul Esprit pour l’édification du seul corps.
3. Apôtre du Christ dans le ministère qui lui a été confié au service de Dieu en même temps que service aux êtres humains principalement l’apostolat duquel tous les autres ministères dépendent.
4. Épouse du Christ et Mère des fidèles épanouissant la personnalité collective de l’Église qui ne fait que s’ébaucher dans la communauté des saints par un nouvel accomplissement de la doctrine du corps mystique à la fois manifestation et la sauvegarde l’unité surnaturelle, don de l’Esprit dans le Christ.
Les conditions sont au préalables une méthode de travail accrue qui conduit à un succès divin. Christ enseigne aux disciples comment y parvenir en leur inculquant des notions de savoir-vivre sur :
• le comportement
• l’accueil
• l’indulgence
• la bonté
• les services
• la focalisation
regroupés autour des versets 3 à 11 qui se résument en une mission de paix décrite en ces termes : « Il a envoyé la parole aux fils d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus Christ, qui est le Seigneur de tous » [Ac 10 : 36]. Dans quelque maison que vous entriez poursuit le Christ, dites d’abord : Que la paix soit sur cette maison ! [Luc 10 : 5].
Aujourd’hui Christ fait de chacun et du peuple de Dieu en particulier des artisans de paix et d’amour. Le message que chacun est convié d’apporter est celui de la rédemption dans l’universalité de la religion qui unit l’être humain avec Dieu par les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.
En effet Christ est venu racheter l’humanité de son état errant, incapable de faire le bien, d’exercer la justice et la bonté sur la terre. Par son intervention, Il se fait le dépositaire légal de Fils et de Dieu communiquant avec les êtres humains par le verbe de l’Esprit-Saint. Son message est réel car il a fait des prodiges pendant des millénaires et continue de le faire encore aujourd’hui avec plus d’acuité et d’argumentation auquel nul ne lui est comparable. Par son message, Christ estampille les cœurs par le savoir, le savoir-faire et le savoir-être de manière à les réconcilier avec Dieu.
Sans l’obéissance, la rédemption est impossible parce qu’elle ne peut pas être isolée de la contrepartie positive dans la réconciliation avec Dieu. Conviée au carrefour des quatre chemins, l’Église doit répondre présente à la recherche des brebis égarées. « Les disciples ne sont pas partis non plus de leur propre chef, ils ont été envoyés par le Seigneur et ont obéi à sa parole, à ses consignes. Ne croyons pas que cela est différent aujourd’hui. Le Christ appelle et envoie, mais il n’envoie pas en franc tireur, il envoie par l’autorité de l’Eglise. Et l’envoyé se doit donc, pour obéir au Seigneur, d’obéir aux consignes de l’Eglise…. “[^6]
Ne venez pas avec un discours d’excuse, mais agissez en responsables pour offrir à notre monde le témoignage du Christ.
• Suivez le Christ dans son ministère,
• Suivez le Christ dans son enseignement
• Suivez le Christ dans ses œuvres
• Suivez le Christ dans sa persévérance
• Suivez le Christ dans sa performance
• Suivez le Christ jusqu’au ciel
« Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple » [14 : 27].
Notes et références
[1] 1b soixante-dix, le chiffre (beaucoup de manuscrits portent 72) a une valeur symbolique : c’est le nombre traditionnel des nations dans le texte hébreu de la table des peoples Gn 10. Mais le texte grec en compte 72, ce qui explique la double tradition de l’évangile, avec une même portée universaliste : cet envoi des 70/72, c’est le salut apporté à tous les peuples de la terre.
[2] Boyer Louis. Dictionnaire théologique. Imprimatur. Paris 10 juin 1990, p. 140.
[3] Comme en 9 :52, mais ici il s’agit de préparer les cœurs. Aussi l’envoi des 70 a-t-il beaucoup de ressemblance avec l’envoi des douze chez Luc 9 : 1-5 et les autres synoptiques.
[4] En hébreu rouach, qui, comme le grec pneuma et le latin spiritus, signifie d’abord le souffle de vie – apparaissant d’une part, dans l’Ancien Testament à la fois comme la puissance qui anime les prophètes et leur donne de parler au nom de Dieu ; et d’autre part, dans le nouveau testament comme l’auteur de la puissance virginale de Jésus, l’envoie au désert pour y lutter contre le diable, inspirera les disciples lorsqu’ils auront à lui rendre témoignage en présence de l’hostilité des êtres humains.
[5] http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/luc-9-10/luc-10-1-12.html
[6] http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/luc-9-10/luc-10-1-12.html