Par : Jacques Fouchard
Nous avions rencontré le Dr Olivier tout récemment à la Librairie du Congrès de Washington DC qui nous a appris son retrait comme Président du Grand Conseil Scientifique à la Corpuha.
J’ai profité pour lui poser quelques questions qu’il accepta volontiers de m’accorder.
JF Honnêtement Dr Olivier, votre présence à la Corpuha me donnait un peu d’espoir pour le rayonnement de l’Enseignement Supérieur. Pourquoi se retirer à un moment où tout devient quasi impossible de fonctionner en Haïti ?
FEO Merci Jacques pour votre intérêt à la question. Non, je m’étais donné la courte mission d’organiser la Corpuha en lui donnant de nouvelles directives ; ce qui m’a été offertes gracieusement par les collègues recteurs d’universités. Dans la fourchette de quelques mois, je crois avoir accompli l’essentiel et qu’il fallait m’adonner à d’autres préoccupations urgentes.
JF Mais pourquoi partir si tôt ? Vous auriez pu attendre les résultats ?
FEO Hum, les résultats ne viendront pas de sitôt pour les raisons que vous connaissez avec la situation sociopolitique qui se dégrade d’une part ; et d’autre part, l’absence de ressources humaines et financières. Par-là, je m’explique : (1) il faut faire appel à des spécialistes en financement international pour bénéficier par exemple des fonds en faveur de la recherche scientifique ; (2) mécaniser la facilitation des infrastructures de déplacement et des dépenses que devront entreprendre les différentes commissions pour consolider leur mission de travail et répondre adéquatement aux objectifs de la Corpuha. Cela demande du temps et la capacité de répondre activement aux exigences qui seront initialement imparties. Or le problème par exemple que confronte les recteurs, présidents de commissions est « le manque de temps » où les charges tombent sur le Conseil d’Administration pratiquement limité par les statuts.
JF Est-ce que cela voudrait dire si les recteurs ne s’engagent pas à fond, la Corpuha fonctionnera comme les reste des associations qui ne bougent pas ?
FEO C’est ce que j’ai voulu éviter en venant avec les nouveaux statuts où tous doivent s’engager pour répondre aux nombreuses préoccupations à l’échelle du pays et plus particulièrement à l’Enseignement Supérieur. Je me rappelle dans une interview que j’avais donné il y a plus de deux (2) ans à Michel Soukar, je lui avais dit, pour reprendre les propos de Jacques Julliard, « l’Enseignement Supérieur et la recherche, c’est un nid à emmerdes … Il faut un travail énorme pour faire comprendre aux politiques que l’Université et la recherche sont des investissements stratégiques. » Malheureusement plusieurs secteurs socio-professionnels qui se penchent sur la question semblent indiquer qu’ils recherchent l’opportunité et la visibilité et non les services. La plupart de nos associations professionnelles ne fonctionnent pas à cause de la mainmise de dirigeants qui exercent un leadership directif et non participatif. On retrouve ou bien l’indifférence chez ceux qui comprennent qu’il faut travailler en équipe ou bien des moutonniers qui attendent leur quote-part de ne je sais quoi ? C’est triste et cela me préoccupe.